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butions des vaines fonctions de leur ministère. J’avois encore plus d’aversion de l’humeur railleuse et boufone de ces autres messieurs, qui ne pensent qu’à se donner agréablement du bon tems avec les gros revenus des bons bénéfices, qu’ils possèdent, qui se raillent plaisamment entr’eux des mistères, des maximes et des cérémonies de leur religion, et qui se moquent encore de la simplicité de ceux, qui les croïent et qui dans cette croïance leur fournissent si pieusement et si abondamment de quoi se divertir et vivre à leur aise. Témoin ce pape[1], qui se moquoit lui-même de sa dignité, et cet autre[2], qui disoit en plaisantant avec ses amis, ah ! que nous sommes enrichis par cette fable de Christ. Ce n’est pas que je blâme les risées, qu’ils font agréablement de la vanité des mistères et des momeries de leur religion, puisqu’ils sont effectivement dignes de risées et de mépris, (bien simples et bien ignorans sont ceux, qui n’en voïent pas la vanité), mais je blâme cette apre, cette ardente et cette insatiable cupidité, qu’ils ont de profiter des erreurs publiques, et cet indigne plaisir, qu’ils prennent de se railler de la simplicité de ceux, qui sont dans l’ignorance, et qu’ils entretiennent eux-mêmes dans l’erreur. Si leur prétendu caractère, et si les bons bénéfices, qu’ils possèdent, leur donnent lieu de vivre si grassement et si tranquilement aux dépens du public, qu’ils soient donc au moins un peu sensibles aux misères de ce même public, qu’ils n’agravent point la pésanteur du joug des pauvres peuples, en multipliant par un faux zèle, comme

  1. Jules III.
  2. Boniface VIII.