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XLV.


DEUXIÈME ABUS.



Un second abus qui régne parmi les hommes, et particulièrement dans notre France, est que l’on y souffre, que l’on y maintient et que l’on y autorise même plusieurs autres sortes de conditions de gens qui ne sont d’aucune nécessité, ni d’aucune véritable utilité dans le monde et que non seulement on souffre et on autorise des gens qui ne font aucune utilité, mais ce qu’il y a de pis est, que l’on souffre et que l’on autorise même aussi plusieurs sortes de gens, dont les emplois ne servent qu’à fouler, qu’à piller et oprimer les peuples, ce qui est encore manifestement un abus, puisque tous ces gens-là sont injustement et inutilement à charge au public, et qu’il est contre la raison et contre la justice de vouloir charger les peuples de rudes et pesans fardeaux et de vouloir encore les exposer aux vexations injustes de ceux qui seroient pour leur mal faire. Or qu’il y ait, dis-je, parmi les hommes plusieurs sortes de conditions de gens, qui ne sont d’aucune nécessité, ni d’aucune véritable utilité dans le monde, et plusieurs même dont les emplois ne sont qu’à charge aux bons peuples. Cela paroit manifestement non seulement dans une infinité de canailles, qu’il y a de l’un et de l’autre sexe, qui ne font métier que de gueuser et de mendier lâchement leur pain, au lieu qu’ils devroient s’occuper utilement, comme ils pouroient faire, à quelque honnête travail ; mais cela paroit encore dans une quan-