Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/271

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matière, tant pour garnir les Païs conquis, que pour départir les gens de compagnies, qui pilloient le Roïaume. Et à ceci consentirent les Seigneurs de France, pour certaines pensions qui leur furent promises, pour les deniers qu’on leveroit en leurs terres ; mais de ce qui est avenu depuis et aviendra, il chargea, dit-il, fort son âme et celle de ses successeurs et mit une cruelle plaïe sur son Roïaume, qui longuement saignera, et maintenant elle saigne encore plus que jamais, et suivant toutes les aparences saignera toujours de plus en plus, si on n’y met remède. Le Roi Charles VII levoit, dit-il, à l’heure de son trépas 18 cent mille francs en toutes choses sur son Roïaume, et tenoit environ 17 hommes d’ordonnance, pour tous Gendarmes, et ceux-là en bonne justice, à la garde des Provinces de son Roïaume, qui de longtems avant sa mort ne chevauchèrent par le Roïaume (ce qui étoit grand repos au peuple) et à l’heure du trépas du Roi Louis XI il levoit 47 cent mille francs et avoit d’hommes d’armes quelques 4 ou 5 mille gens de pié, tant pour le camp que de mortes païes plus de 25 mille ; ainsi ne faut s’esbahir, dit-il, s’il avoit plusieurs pensées et imaginations, et s’il pensoit de n’être point bien voulu et s’il avoit grande peur en cette chose, car sûrement, dit cet Auteur, c’étoit compassion de voir ou savoir la misère et la pauvreté du peuple. Il prenoit, dit-il, des pauvres, pour le donner à ceux qui n’en avoient point besoin. C’est certainement bien pire dans l’état ou nous sommes maintenant, et si, en ce tems-là, la misère et la pauvreté du peuple faisoit déjà pitié et compassion, elle devroit mainte-