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LXVI.


IDÉE CHIMÉRIQUE QUE LES DÉICOLES SE FORMENT DE LEUR DIEU.


Il ne serviroit de rien, pour répondre à cette dernière difficulté, de dire, comme on fait ordinairement, que ce premier et souverain Etre, créateur de toutes choses, est également partout, entier, en tous lieux, sans division et sans multiplication de son être : car c’est dire ce que l’on n’entend pas, et ce qu’il n’est pas possible d’entendre ; c’est multiplier les difficultés, au lieu de les abréger, et plus on examineroit les divers attributs, que l’on seroit obligé d’accorder au prétendu souverain Etre, plus on s’enfonceroit dans des labirinthes de difficultés inexplicables, qui conduiroient à des absurdités manifestes, et qui feroient nécessairement tomber dans des contradictions inévitables. Témoin cette description énigmatique et chimérique, qu’en a fait assez ingénieusement un auteur célèbre : » Dieu,” dit-il, en parlant de ce prétendu Etre souverain, est lui-même son commencement et sa fin ; il n’a cependant, dit-il, ni commencement, ni fin, et il ne manque pas de l’un ni de l’autre, étant le Père et l’auteur de l’un et de l’autre : il a toujours été et est toujours, sans aucune vicissitude de tems ; à son égard le passé ne passe pas, ni le futur ne vient pas : tout tems lui est également présent. Il règne partout, sans tenir aucune place ; il est immobile sans consistence ; il est actif sans mouvement ; il est tout hors de tout ;