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LXVII.


IL EST INUTILE DE RECOURIR A L’EXISTENCE D’UN DIEU TOUT-PUISSANT, POUR EXPLIQUER LA NATURE ET LA FORMATION DES CHOSES NATURELLES.


Je sais bien qu’il n’est pas facile de concevoir, ce que c’est qui fait que la matière se meut, et ni ce que c’est qui fait qu’elle se meut d’une telle ou telle manière, ni d’une telle ou telle force ou vitesse. Je ne puis concevoir l’origine et le principe efficace de ce mouvement, je l’avoue ; mais je ne vois cependant aucune répugnance, ni aucune absurdité de l’attribuer à la matière même. Je ne vois pas que l’on puisse y en trouver aucune ; et les partisans mêmes du système contraire n’yen sauroient trouver. Tout ce qu’ils peuvent oposer est de dire que les corps grands ou petits n’ont point en eux-mêmes la force de se remuer, parce qu’il n’y a, disent-ils, aucune liaison nécessaire entre l’idée qu’ils ont des corps, et l’idée qu’ils ont de leur mouvement. Mais certainement cela ne prouve rien, car quand on ne verroit aucune liaison nécessaire entre l’idée d’un corps et l’idée d’une force mouvante, il ne s’en suit pas de-là qu’il n’y en ait point ; l’ignorance où l’on est de la nature d’une chose, ne prouve nullement que cette chose ne soit pas ; mais les absurdités et les contradictions manifestes qui suivent nécessairement de la suposition d’un faux principe sont des preuves convainquantes de la fausseté de ce principe. Et ainsi l’impuissance, où l’on