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L.


QUATRIÈME ABUS.



Pareillement qu’arrive-t’-il de ces vaines, odieuses et injurieuses distinctions des Familles, que les hommes font mal à propos entr’eux, comme s’ils étoient de différentes espèces et de différente nature, ou qu’ils fussent d’une meilleure et d’une plus pure origine les uns que les autres, qu’arrive-t’-il de-là ? Que ceux, qui sont de diverses familles, se méprisent et se dédaignent les uns les autres, sous prétexte que les uns se croïent être de meilleure ou de plus honorable famille que les autres. Il arrive de-là qu’ils se méprisent, qu’ils se déshonorent, et qu’ils se diffament les uns les autres, et qu’ils ne veulent pas même se prendre les uns les autres en mariage, sous prétexte, qu’il y auroit quelque chose à redire à la famille de ceux-ci ou à la famille de ceux-là, et ce quelque chose, qui est à redire, n’est cependant ordinairement fondé que sur de vains bruits sourds et confus et sur de fausses imaginations et opinions, que les hommes se mettent en tête, qu’il y a des races de sorciers et de sorcières, c’est-ce qu’ils s’imaginent sur des riens, sur des bagatelles, et sur de simples ouï-dire et sur de mauvais discours, que des gens ignorans et passionnés ou mal intentionés font les uns contre les autres, à quoi si on vouloit toujours s’arrêter, il n’y auroit peut-être point de famille, qui pouroit s’assurer d’être tout-à-fait exemte de ces pré-