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LII.


Si les hommes possédoient et jouissoient également en commun, comme j’ai dit, des richesses, des biens et des commodités de la vie, s’ils s’occupoient unanimement tous à quelque honnête et utile travail, où au moins à quelque honnête et utile exercice, et s’ils ménagoient sagement entr’eux les biens de la terre et les fruits de leurs travaux et de leur industrie, ils auroient suffisamment lieu tous de vivre heureux et contens : car la terre produit presque toujours assez suffisamment et même assez abondamment de quoi les nourrir et les entretenir, s’ils faisoient toujours un bon usage de ces biens, et c’est fort rarement quand la terre manque à produire le nécessaire à la vie ; et ainsi chacun auroit suffisamment de quoi vivre paisiblement, personne ne manqueroit de ce qui lui seroit nécessaire ; personne ne seroit en peine d’avoir pour soi, ni pour ses enfans de quoi vivre, ni de quoi se vêtir ; personne ne seroit en peine ni pour soi, ni pour ses enfans de savoir où il logeroit, ni ou il coucheroit, car chacun trouveroit sûrement, abondamment, facilement et commodément tout cela dans une communauté bien réglée ; et ainsi personne n’auroit que faire d’user de fraudes, ni de finesses et de tromperies pour surprendre son prochain ; personne n’auroit que faire d’avoir des procès pour défendre son bien ; personne n’auroit que faire d’avoir de l’envie contre son prochain, ni d’être envieux les uns contre les autres, puisqu’ils seroient tous à peu près, dans une