Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vent avoir été créées, ni, par conséquent, avoir été faites de rien. Or je fais voir que ni le tems, ni le lieu, ni l’espace, ni l’étendue, ni même la matière ne sont pas créables et ne peuvent avoir été faits de rien, donc il n’y point de puissance qui puisse créer et faire quelque chose de rien.




LXXII.


Christus sator omnium
Rex atque Factor temporum.
Hymne de Carême.

Je commence donc par le tems et je prouve qu’il n’est pas créable, c’est-à-dire qu’il ne peut avoir été créé. Voici comme je m’y prends. Si le tems étoit quelque chose de créable, et s’il avoit été créé, comme nos Déicoles le prétendent, il ne pouvoit certainement avoir été créé que par un être qui l’auroit précédé ; car si cet être ne l’avoit pas précédé, comment l’auroit-il pu créer ? Et s’il l’a précédé, ce n’a pû être que par le tems même qu’il l’auroit précédé ; car dire qu’il l’auroit précédé par l’Eternité et non pas par le tems, c’est une pure illusion, car l’Eternité n’est autre chose qu’une continuité perpétuelle de tems, sans commencement et sans fin ; et ainsi dire, qu’il l’auroit précédé par l’Eternité, c’est accorder, sans y penser, plus qu’on n’auroit demandé, car c’est dire qu’il l’auroit précédé par un tems infini, c’est-à-dire par un