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pris, et c’est cependant l’injure, que nos Christicoles ne laissent pas que de faire eux-mêmes, sans y penser, à leur bon Dieu, lorsqu’ils disent, comme ilsfont souvent, que tout est vanité et que tout n’est que vanité. Je dis ceci seulement en passant pour marquer, que tout ce que disent nos Déicoles ne s’accorde pas toujours avec leurs propres principes et leurs propres sentimens.


LXXIX.

Je reviens donc à mon sujet, et je dis que bien loin de vouloir diminuer la beauté, l’excellence et l’ordre admirable, que l’on remarque dans toutes les choses de la nature, je voudrois plutôt l’exalter si je pouvais et faire admirer ces choses, autant qu’elles méritent de l’être, puisque je les admire moi-même peut-être autant, que sauroit faire aucun de nos Déicoles. Je les admire, dis-je, en tant qu’elles sont les ouvrages de la nature ; mais non en tant qu’elles sôïent les ouvrages d’un Dieu tout-puissant. Car sous cette dernière considération je cesserois incontinent de les admirer, parceque, toutes admirables qu’elles sont en elles-mêmes, je ne les trouverois pas assez parfaites pour être sorties de la main d’un Dieu tout-puissant, infiniment bon et infiniment sage, vu les défauts et les imperfections et même les vices, qui se trouvent manifestement dans la plupart des choses et les accidens fâcheux, auxquels elles sont sujétes. Que nos Déicoles exaltent donc, tant qu’ils voudront,