Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
LE 14 JUILLET

UN OUVRIER, accourant.

Je viens de la rive gauche. Ils sont tous debout : la place Maubert, la Basoche, la Montagne Sainte-Geneviève ; ils marchent sur les Invalides, pour y prendre les armes en dépôt, des milliers de fusils. Ils sont des gardes françaises, des moines, des femmes, des étudiants, toute une armée. Le procureur du roi et le curé de Saint-Étienne-du-Mont marchent à leur tête.

HOCHE.

Tu demandais des armes, Hulin. En voici !

HULIN.

Ce n’est pas avec quelques centaines de vieilles arquebuses, des casques rouillés, ou même avec quelques bons canons trouvés aux Invalides, qu’on peut prendre la Bastille. Autant ouvrir un rocher avec un couteau.

HOCHE.

Ce n’est pas avec des canons en effet que la Bastille sera prise. Mais elle sera prise.

HULIN.

Comment ?

HOCHE.

Il faut que la Bastille tombe. Elle tombera. Les dieux sont avec nous.

HULIN, haussant les épaules.

Quels dieux ?

HOCHE.

La justice, la raison. Tu tomberas, Bastille !

LE PEUPLE.

Tu tomberas !

HULIN.

J’aimerais mieux des alliés plus palpables. Je ne crois guère à tout cela. N’importe, il ne sera pas dit que je me laisse devancer. Je prétends même marcher le premier.