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LE 14 JUILLET

MARAT, d’un air farouche qui n’est au fond qu’une bouffonnerie sinistre, pour s’amuser des terreurs de Gonchon.

Il faut se défier de ces traîtres, qui se rallient au peuple pour le perdre. Hoche l’a bien dit : si nous n’y prenons garde, nous serons bientôt envahis. Je suis d’avis que, pour distinguer tous ceux qui se sont faits les valets des aristocrates, on leur coupe les oreilles, ou plutôt les pouces des mains : c’est une mesure indispensable de prudence.

Le peuple rit.
GONCHON, épeuré, à Hoche.

Soldat, tu es ici pour prêter main-forte à la loi…

HOCHE.

Mets-toi là : on ne te fera pas de mal. — Et maintenant, va devant, nous te suivons.

GONCHON.

Vous me suivez ? Où cela ?

LE PEUPLE.

À la Bastille !

GONCHON.

Quoi ?

HOCHE.

Sans doute. Prendre la Bastille. — Vous défendez le peuple, messieurs de la milice bourgeoise ? Le premier rang vous appartient donc. Passez devant, et point de façons ! — Tu n’a pas l’air réjoui ? — Se penchant à l’oreille de Gonchon. Je connais tes ruses, mon bonhomme, tu es en correspondance avec le duc d’Orléans… Allons, paix, et file droit : j’ai l’œil sur toi, et je n’ai qu’un mot à dire à Marat. Il ne fait pas encore jour ; tu pourrais nous éclairer, accroché à l’une de ces lanternes.

GONCHON.

Laissez-moi rentrer chez moi !

HOCHE.

Pas d’autre alternative : être pendu, ou prendre la Bastille.