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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

HOCHE.

Nous n’avons pas le choix. On vous fait des signaux ; vous ne voulez pas les voir. Nous avons sauté le mur, puisque c’était le seul moyen d’arriver à vous.

JULIE, allant vers les Suisses.

Ah ! ce sont eux !

SUISSES.

Qu’est-ce que tu veux, morveuse ?

JULIE.

C’est vous, les prisonniers ?

SUISSES, riant.

Les prisonniers ? — Mais non ! nous sommes ceux qui les gardent.

HOCHE.

Va, tu ne te trompes pas de beaucoup. Ce sont aussi des prisonniers, et les plus à plaindre de tous : car on leur a enlevé jusqu’au désir de la liberté.

DE LAUNEY.

Qui est cette petite ?

HOCHE.

Notre bon génie. Elle m’a supplié de venir avec moi. Je l’ai prise sur mon dos.

VINTIMILLE.

As-tu perdu le sens, que tu exposes cette enfant à la mort ?

HOCHE.

Pourquoi ne partagerait-elle pas nos risques ? Elle est bien sûre de mourir, si nous mourons. Ne jouez pas la pitié. Vos canons n’ont pas tant de scrupules.

VINTIMILLE, avec sa froideur dure et railleuse.

Un soldat, un sous-officier déserteur ! c’est là le parlementaire que nous envoie cette canaille ? — C’est parfait. — Eh bien, fusillez-le : voilà sa mission remplie.