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LE 14 JUILLET

BÉQUART.

Raconte.

JULIE.

Maman habite rue Saint-Antoine, près d’ici. Les voitures qui vont à la prison passent, la nuit, devant notre maison. Je me lève souvent pour voir. Oh ! je les vois presque tous. Quelquefois pourtant, je n’ai pas pu, parce que je dormais, et quand je me réveillais, la voiture était passée.

BÉQUART.

Qu’est-ce que cela peut avoir de curieux pour toi ?

JULIE.

C’est qu’ils ont de la peine.

BÉQUART.

C’est un triste spectacle que celui d’un malheureux. Pourquoi veux-tu les voir ?

JULIE, très naturellement.

Parce que cela me fait de la peine.

UN INVALIDE, riant.

Ha ! Ha ! Voilà une raison !

BÉQUART.

Tais-toi donc, imbécile !

L’INVALIDE, d’abord irrité.

Imbécile ? — Après avoir réfléchi, se grattant la tête. — C’est vrai.

JULIE, qui s’est assise, en jouant, sur un canon.

Vous ne tirerez pas sur nous, dites ? — Ils ne répondent pas. — Dites que vous ne tirerez pas ! Je vous en prie. Je vous aime bien. Aimez-moi aussi.

BÉQUART, l’embrassant.

Bon petit torchon, va !

DE LAUNEY, qui a lu la lettre remise par Hoche, hausse les épaules.

Ceci passe tout ! — Messieurs, l’étrange message qui m’est