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NOTE SUR LA DERNIÈRE SCÈNE


C’est ici, comme le titre l’indique, une fête populaire, la fête du Peuple d’hier et d’aujourd’hui. Pour qu’elle prit tout son sens, il faudrait que le public lui-même y participât, qu’il se mêlât aux chants et aux danses de la fin.

L’objet de ce tableau est de réaliser l’union du public et de l’œuvre, de jeter un pont entre la salle et la scène, de faire d’une action dramatique réellement une action. Le drame s’adresse soudain directement au peuple. Desmoulins, la Contat, Marat, Hoche l’appellent. Mais ce n’est pas assez, et la parole ne suffit plus. Il faut, pour donner à l’œuvre son couronnement logique et au fait historique sa portée universelle, l’entrée en scène d’une puissance nouvelle : la Musique, la force tyrannique des sons, qui remue les foules passives ; cette illusion magique, qui supprime le Temps, et donne à ce qu’elle touche un caractère absolu.

La musique doit être ici le fond de la fresque, la trame des paroles. Pas un instant elle ne doit se taire, — tantôt forte et distincte, tantôt douce et voilée. Son office est de préciser le sens héroïque de la fête, et de combler les silences qu’une foule de théâtre ne peut jamais réussir à remplir complètement, qui s’ouvrent malgré tout au milieu de ses cris, et qui détruisent l’illusion de la vie continue. Il n’est pas nécessaire que le public saisisse tous les mots de la foule, pas plus que toutes les notes de l’orchestre et des chœurs ; il faut qu’il ait seulement l’impression d’une kermesse triomphante.

Je voudrais de plus l’obsession impérieuse d’un thème, — thème de joie et d’action — thème de la Liberté conquérant le monde, — qui germât dès le commencement, grandit peu à peu, s’imposât avec la ténacité d’une idée fixe, et finît, au dénouement, par tout embrasser et s’emparer de tout : de tous les autres thèmes et de toutes les masses populaires[1].

  1. Cette musique devrait, tout en s’imprégnant un peu de la couleur Cornélienne (ou parfois Racinienne), des chants de la Révolution, — (hymnes de Gossec, de Méhul, de Cherubini ; rondes ingénues de Grétry,), — s’inspirer des puissantes musiques Beethoveniennes, qui,