Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

DANTON.

C’est que j’aime mieux une bonne fortune qu’une mauvaise.

PHILIPPEAUX.

En attendant, tu compromets ta renommée ; l’opinion, suit tes actes ; et que dira la postérité, quand elle saura que Danton, à la veille d’un combat décisif pour l’État, ne pensait qu’au plaisir ?

DANTON.

L’opinion est une p…, l’honneur une foutaise, la postérité une fosse puante.

PHILIPPEAUX.

Et la vertu, Danton ?

DANTON.

Va demander à ma femme si elle est contente de la mienne.

PHILIPPEAUX.

Tu ne penses pas ce que tu dis. Tu te calomnies à plaisir, tu fais le jeu de tes ennemis.

WESTERMANN, qui a fait effort pour se contenir, éclate.

Vous êtes tous des bavards et des bravaches qui se vantent. Les uns déclament sur leurs vertus, et les autres sur leurs vices. Vous ne savez que parler. Votre ville est un nid d’avocats et de procureurs. L’ennemi nous menace. Danton, oui ou non, veux-tu charger ?

DANTON.

Laissez-moi tranquille ! J’ai perdu ma vie et mon repos pour sauver la République : elle ne vaut pas une seule des heures que je lui ai sacrifiées. Assez ! Danton a acheté le droit de vivre enfin pour lui.

CAMILLE.

Danton n’a pas acheté le droit d’être un Sieyès.