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DANTON

ROBESPIERRE.

Je dors peu, tu le sais : j’ai habitué mon corps à m’obéir.

MADAME DUPLAY.

Tu m’avais promis de ne plus veiller. Tu te fatigues, tu vas tomber malade. Et que deviendrons-nous ?

ROBESPIERRE.

Mes pauvres amis, il faudra pourtant bien vous habituer à nous passer de moi. Je ne serai pas toujours là.

MADAME DUPLAY.

Quoi, veux-tu nous quitter ?

ROBESPIERRE, avec un mélange de sincérité et d’emphase.

Non ; et pourtant je vous quitterai plus tôt que vous ne pensez.

MADAME DUPLAY.

Je te le défends bien : j’entends partir la première, et je ne suis pas pressée.

ROBESPIERRE, souriant

Je serais plus tranquille, si je pensais qu’on tint moins à moi.

MADAME DUPLAY.

Quoi ? cela ne te fait pas plaisir qu’on t’aime ?

ROBESPIERRE.

La France se porterait mieux, si elle songeait moins à Robespierre, et plus à la liberté.

MADAME DUPLAY.

La liberté se confond avec Robespierre.

ROBESPIERRE.

C’est bien là ce qui m’inquiète pour elle. J’ai peur pour sa santé.

MADAME DUPLAY, s’approchant de la fenêtre.

Comme ils font du bruit dans la cour ! Je suis sûre que