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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

WESTERMANN.

La République fait-elle cas aussi des défaites de Rossignol ?

ROBESPIERRE.

La responsabilité des défaites de Rossignol ne pèse point sur lui, mais sur ceux qui l’environnent. Si Kléber, Dubayet, Westermann sont si fiers de leurs talents, qu’ils en fassent profiter le général que la nation leur impose !

WESTERMANN.

Ainsi, vous voulez nous dérober la gloire de nos actions ?

ROBESPIERRE.

Oui.

WESTERMANN.

Avouez-le : la gloire militaire vous fait peur, vous voulez l’humilier ?

ROBESPIERRE.

Oui.

WESTERMANN, insultant.

Elle gêne l’ambition des avocats ?

ROBESPIERRE.

Elle insulte la raison, elle menace la liberté. Qui vous rend si fiers ? Vous ne faites que votre devoir. Vous risquez votre vie ? Nos têtes, à tous, en France, sont l’enjeu de la formidable partie que nous jouons avec le despotisme. Quel mérite avez-vous de plus que nous à braver la mort ? Nous sommes tous voués à la mort ou à la victoire. Vous êtes, comme nous, les instruments de la Révolution, la hache chargée de frayer la voie à la République au travers de ses ennemis. C’est une tâche terrible, qu’il convient d’accepter sans faiblesse, mais sans orgueil. Vous n’avez pas plus lieu d’être fiers de vos canons, que nous de la guillotine.

WESTERMANN.

Tu outrages la grandeur de la guerre.