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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

ÉLÉONORE, embarrassée.

Je ne sais pas.

ROBESPIERRE, lui prenant la main qu’elle cache derrière son dos.

Qu’est ceci ?

ÉLÉONORE, rougissant.

Un pistolet que Philippe a laissé sur la table, cette nuit, en rentrant.

ROBESPIERRE, le lui enlevant et gardant sa main dans la sienne.

Non, non, que ces mains ne se souillent point de ces objets de meurtre ! Même pour sauver ma vie, qu’elles ne versent point le sang. Qu’il reste au moins dans l’univers deux mains amies, deux mains innocentes, pour purifier le monde et le cœur de Robespierre de leurs destins sanglants, — quand l’œuvre sera accomplie.

ÉLÉONORE.

Pourquoi vous exposer ainsi ? Vous provoquiez cet homme, et on le dit cruel.

ROBESPIERRE.

Je ne crains point les sabreurs. Dès qu’on les sort du combat, leur force n’est plus qu’un fracas vide ; leurs genoux tremblent, quand ils sont en présence de cette puissance nouvelle pour eux, que leur fer n’a jamais rencontrée dans la mêlée : la Loi.

ÉLÉONORE.

Le citoyen Fouché est aussi venu ; mais on ne l’a pas reçu, suivant vos ordres.

ROBESPIERRE.

Ma porte est pour jamais fermée à celui qui déshonora la majesté de la Terreur dans les massacres de Lyon.

ÉLÉONORE.

Il ne voulait point partir ; il pleurait.

ROBESPIERRE, durement.

Le crocodile aussi pleure.