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DANTON

Ce que César, sans pudeur soumettait
À Nicomède, en sa belle jeunesse,
Ce que jadis le héros de la Grèce
Admira tant dans son Éphestion,
Et qu’Adrien mit dans le Panthéon…

SAINT-JUST, violent.

Cesse tes sales ironies ! Est-ce au nom de la corruption que tu combats la corruption ?

VADIER.

Tu ne vas pas m’obliger à te réciter du Rousseau ?

ROBESPIERRE fait effort pour être impartial, mais il n’y apporte aucune conviction.

Je crois qu’il est convenable de tenir quelque compte des services passés de Danton.

SAINT-JUST.

Plus un homme a fait de bien, plus il est tenu d’en faire. Malheur à celui qui a défendu la cause du peuple, et qui l’abandonne ! Il est plus criminel que celui qui la combattit toujours ; car il connut le bien, et volontairement il l’a trahi.

ROBESPIERRE.

La mort d’Hébert a remué l’opinion. Les rapports de police qui me sont adressés notent que nos ennemis profitent du désarroi du peuple, soudain désabusé, pour ébranler sa confiance dans ses amis véritables. Tout est suspect aujourd’hui, la mémoire de Marat elle-même. Nous devons agir prudemment et prendre garde d’ajouter aux soupçons par nos luttes intérieures.

SAINT-JUST.

Mettons fin aux soupçons par la mort des suspects.

VADIER, à part, regardant Robespierre, en prisant.

Le gredin ! Comme il a peur de toucher à ses chers aristocrates ! Cromwell se ménage une majorité. Té ! si cela continue, je lui ferai guillotiner cent crapauds de son Marais.