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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

FABRE.

J’eusse voulu voir pourtant le développement du caractère de certaines petites canailles : Barras, Talien, Fouché. Mais il ne faut pas trop demander. Allons-nous-en, Hérault.

Ils sortent.
CAMILLE, s’accrochant à son banc, d’où les gendarmes l’arrachent.

Je ne veux pas partir ! Vous voulez me tuer en prison. À moi ! à moi ! Ô peuple, j’ai fait la République ! Défendez-moi, je vous ai défendus !… Vous ne m’arracherez pas d’ici, monstres ! Lâches ! assassins !… Ah ! Lucile ! Horace ! bien-aimés ! bien-aimés[P 1] !

On l’emporte, hurlant.
DANTON, ému.

Et moi aussi, j’ai une femme, des enfants. — Se reprenant. Allons, Danton, point de faiblesse.

WESTERMANN, à Danton.

Pourquoi ne profites-tu pas de l’émotion du peuple ? Il est près de se battre.

DANTON.

Cette canaille ! Allons donc !… Public de cabotins ! Ils s’amusent du spectacle que nous leur donnons ; ils sont là pour applaudir à la victoire. Je les ai trop habitués à agir pour eux.

WESTERMANN.

Agis donc !

DANTON.

Trop tard. — Et puis je m’en fous. La République est perdue : j’aime mieux mourir avant.


LE PEUPLE.
  1. Non, non, ça, c’est trop, c’est lâche ! pauvre petit, laissez-le, il ne faut pas le condamner !

    La foule est très émue, voudrait agir, n’ose pas ; mais on sent que la révolte fermente.