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LES LOUPS

les Prussiens par des escarmouches et des sorties, comme si tu n’avais pas abandonné ton projet de cette nuit. Profites-en si tu peux, pour rejoindre Verrat par l’autre rive du Mein. — Et vous, la paix, n’est-ce pas ? plus de disputes ! Songeons à la patrie. — Allons, de la concorde, foutre, de la concorde ! ou gare aux têtes ! Unissons-nous pour écraser ces gueux !

Il sort péniblement. La plupart des officiers se dispersent.



Scène II

D’OYRON, TEULIER, VERRAT, CHAPELAS.

Des officiers entrent et sortent pendant tout L’entretien. Pas un moment, on ne doit cesser de sentir le bouillonnement de l’armée et du siège autour de toutes ces conversations.

D’OYRON, ironique.

J’aime ces mots de paix dans la bouche du vieux diable. Oui, l’union dans la haine, la seule qui nous convienne. Sans l’ennemi détesté qui nous entoure, nous nous dévorerions comme une troupe de loups qui manquent de pâture.

TEULIER.

On dirait que ces pensées cruelles te réjouissent.

D’OYRON.

Homo homini lupus cela est vieux comme le monde. Qu’irais-je m’en étonner ? Je ne déteste pas la haine, et je suis servi ici… Comme vous me jalousez ! Prenez garde : si je n’étais plus là, c’est contre vous-mêmes que vous tourneriez vos dents.

TEULIER.

Tu blasphèmes. Jamais sentiment autre qu’une noble émulation ne s’est élevé entre mes frères d’armes et moi. Nous aimons notre gloire ; et si nous cherchons à nous surpasser, c’est pour le bien public.

D’OYRON.

Allons donc, je sais lire. Vous feignez de vous entendre.