Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

BUQUET, ne s’occupant plus du paysan.

Eh ! bien, Jean-Amable, tu étais donc de la sortie de cette nuit ?

JEAN-AMABLE, avec une joie enfantine.

Oh ! cela a été si amusant, Fortuné ! Imagine que nous avons traversé toute l’armée ennemie. Une fois, nous avons rencontré des patrouilles de cavalerie, — tu sais, des hussards rouges. Nous leur avons dit le mot d’ordre. Ils nous ont pris pour des paysans chargés de couper les blés la nuit… Et le flegme de Teulier ! Il a causé cinq minutes avec un officier prussien, sans que l’autre s’aperçût de rien. Pendant ce temps, les camarades tournaient le village, entraient dans les maisons. Ah ! sans cet imbécile de Bonin qui a tiré trop tôt, nous les prenions au lit. Kalkreuth a fui en chemise. Je l’ai vu. Je l’ai manqué !

BUQUET.

Tu ne devrais pas t’en vanter.

JEAN-AMABLE.

Oh ! bien, c’est presque aussi amusant comme cela.

BUQUET.

Tu es dans un joli état !

JEAN-AMABLE.

Dame, on a sauté les haies. Et puis, j’ai eu un coup de sabre, — le premier, Fortuné !

BUQUET.

Tes parents pousseraient de beaux cris, s’ils voyaient leur Benjamin, leur poupon gâté, avec cette estafilade.

JEAN-AMABLE.

Ça n’est pas laid au moins ?

BUQUET.

Et tu n’es pas fourbu ? tu n’as pas été te coucher en rentrant ?

JEAN-AMABLE.

Pourquoi ? je suis un homme comme les autres.