Eh ! bien, Jean-Amable, tu étais donc de la sortie de cette nuit ?
Oh ! cela a été si amusant, Fortuné ! Imagine que nous avons traversé toute l’armée ennemie. Une fois, nous avons rencontré des patrouilles de cavalerie, — tu sais, des hussards rouges. Nous leur avons dit le mot d’ordre. Ils nous ont pris pour des paysans chargés de couper les blés la nuit… Et le flegme de Teulier ! Il a causé cinq minutes avec un officier prussien, sans que l’autre s’aperçût de rien. Pendant ce temps, les camarades tournaient le village, entraient dans les maisons. Ah ! sans cet imbécile de Bonin qui a tiré trop tôt, nous les prenions au lit. Kalkreuth a fui en chemise. Je l’ai vu. Je l’ai manqué !
Tu ne devrais pas t’en vanter.
Oh ! bien, c’est presque aussi amusant comme cela.
Tu es dans un joli état !
Dame, on a sauté les haies. Et puis, j’ai eu un coup de sabre, — le premier, Fortuné !
Tes parents pousseraient de beaux cris, s’ils voyaient leur Benjamin, leur poupon gâté, avec cette estafilade.
Ça n’est pas laid au moins ?
Et tu n’es pas fourbu ? tu n’as pas été te coucher en rentrant ?
Pourquoi ? je suis un homme comme les autres.