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LES LOUPS

TEULIER.

C’est ce que je voulais, justement.

QUESNEL.

Tu avais quelque chose à me dire ? Tu n’es donc pas fatigué ? Tu peux dormir, toi.

TEULIER.

Non, je ne pourrais pas plus que toi, cette nuit.

QUESNEL.

Es-tu souffrant aussi ? Tu as la figure couverte de sueur. On gèle pourtant ici. Bougre ! ferme donc la fenêtre… Tu es malade ?

TEULIER.

C’est moralement que je suis malade.

QUESNEL.

Pas la peine d’en parler alors ! Il n’y a de souffrances que celles du corps.

TEULIER.

Tu es aigri : tu ne penses pas ce que tu dis.

QUESNEL.

Mal à l’âme ! On ne peut beaucoup souffrir de ce qui n’existe pas.

TEULIER.

Respecte ta raison. Tous les jours, tu exposes ton corps à la mitraille pour défendre la sainte Liberté contre l’atteinte des tyrans.

QUESNEL, radouci.

Ne m’écoute pas. C’est encore un accès. — Parle, camarade. Qu’est-ce qui te tourmente ?

TEULIER.

Cela m’est dur à te dire. — Voilà : vous avez condamné d’Oyron à mort.