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LES LOUPS

patrie, et tu penses à toi-même, à les insomnies, à tes souffrances morales, à je ne sais quelles inquiétudes ! Tu souffres, tu souffres, dis-tu ? Et moi, est-ce que je ne souffre pas ? Souffre en silence, malheureux, mais épargne la patrie ! Ne lui avons-nous pas fait le sacrifice de tout ? Nos biens, nos santés, nos vies, nos affections, n’avons-nous pas tout jeté dans le gouffre, comme Décius ? Si la patrie l’exige, jettes-y ta conscience et jette-toi toi-même !

TEULIER, entêté.

Rappelle Verrat.

QUESNEL, irrité.

Assez ! J’ai dit non. Obéis.

TEULIER.

Je ne dois obéissance qu’au conseil, non à toi. Tu vas le réunir.

QUESNEL.

Que veux-tu faire ?

TEULIER.

Fais réveiller les officiers ; mande ceux qui sont aux murailles : rappelle Verrat ; convoque le conseil.

QUESNEL.

Tu te perds, et tu nous perds. Réfléchis, réfléchis !…

TEULIER.

Ma résolution est prise. Si toi, tu n’oses pas, moi, je parlerai.

QUESNEL.

Prends garde, tu vas être criminel à ton tour. Tu veux faire ton devoir. Ton premier devoir est de vaincre, de nous aider à vaincre. Si tout à l’heure Verrat te disait que tu es un traître, c’est Verrat qui aurait raison.

TEULIER.

Condamne-moi donc si tu l’oses !

QUESNEL.

Au nom de notre amitié, Teulier !