Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/46

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Que veut donc ce cercueil béant ?
Et son vainqueur, qui le lui livre ?
Qui jette en pâture au néant
Celui que la Mort laisse vivre ?

Vain combat ! Nous ne verrons plus
Cette face pâle et superbe,
Qui déjà défiait le Verbe
Dans le langage des Élus !

Voilé ! — Le drap encore ondoie !
De la tête aux pieds un sillon
Blanc se creuse ! Le papillon
Est cfos dans son cocon de soie ! —

Ils le soulèvent doucement
Et, comme un glaive dans sa gaine,
Le glissent dans ce vêtement
Tissu des fibres d’un vieux chêne.

D’un vieux chêne fort comme lui,
Comme lui frappé dans sa force
Et dépouillé de son écorce
Ainsi que lui de son ennui !

Et quand dans une étreinte brève
Cette tête a heurté ce bois,
Crâne sans vie et bois sans sève
Ont sonné le vide à la fois.