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tions, dont une porte du xve siècle, et un certain nombre de vieilles et curieuses maisons. Deux édifices religieux sont dignes d’une visite : Saint-Michel (xiie siècle) avec un portail roman et Saint-Laurent, ancienne cathédrale du xive siècle où se trouvent quelques beaux morceaux de sculpture, un ensevelissement du Christ, un bénitier prétendu donné par Charlemagne et le tombeau de Nostradamus.

Car Michel de Notre-Dame, autrement dit Nostradamus, a passé à Salon une partie importante de son existence. Il était né tout près de là, à Saint-Rémy, en 1503, d’une famille catholique mais d’origine hébraïque ; après un premier mariage, qui le laissa veuf de bonne heure, après la mort des deux enfants qui en étaient issus, Nostradamus entreprit de nombreux voyages à travers la France. Il était déjà enclin à l’astronomie et aux sciences plus ou moins occultes. Cette vocation ne s’affirma qu’à partir de l’année 1544, époque où il commença à écrire des sortes de prophéties, dans un style quelque peu mystérieux et rempli d’énigmes. Ses prédictions rencontrèrent en France un vif succès. Catherine de Médicis l’appela à la Cour et mit en lui toute sa confiance. Revenu à Salon il y reçut, en 1564, la visite du roi Charles IX et en accepta le titre de médecin ordinaire de Sa Majesté. Deux ans après il mourait dans cette ville où il avait été longtemps considéré comme un vulgaire imposteur ; il s’y accrédita une légende qui le représentait comme emmuré vivant dans un caveau dans lequel, muni d’une lampe et de tout l’attirail nécessaire, il continuait à écrire ses prophéties.

Adam de Craponne est avec lui la grande célébrité de Salon et mérite l’éternelle reconnaissance de la cité qui s’enorgueillit (bien que la chose ait été fort contestée) de lui avoir donné le jour en 1525. On doit à cet ingénieur, qui comprit un des premiers les immenses services que devait rendre à l’agriculture une irrigation méthodique, divers travaux importants exécutés à Fréjus et à Nice ; on lui doit également l’idée première des canaux de Briare, de Provence et du Languedoc, mais ce qui l’a rendu célèbre ce sont les travaux qui, de 1554 à 1569, conduisirent, par les diverses branches d’un canal qui porte son nom, les eaux de la Durance à Salon d’abord, puis à la Touloubre près de Berre et à Saint-Chamas par le nord de la Crau. Le système complet du canal ne fut achevé qu’après sa mort, de 1581 à 1584, par la grande artère qui va de Salon jusqu’à Arles et traverse les marais arlésiens sur un aqueduc important. L’amorce du canal de Craponne est auprès de la Roque d’Anthéron, où il emprunte à la Durance un volume d’eau évalué à 24 mètres cubes par seconde. Ce canal pourrait assurer l’irrigation de 50 000 hectares de terre ; il n’en arrose, en fait, que 20 000 et sert à la fois au dessèchement des marais et à l’arrosage des terrains. — Adam de Craponne ne tira guère profit de son entreprise, dont le roi lui avait cependant assuré la propriété ; cinq années avant sa mort il dut l’abandonner à ses créanciers. Harcelé par ces derniers, poursuivi par la rivalité jalouse que lui suscitait sa renommée, il mourut loin de son pays natal, en 1576, à Nantes, après un banquet où il aurait été, dit-on, empoisonné par ses rivaux.


(À suivre.) L. et Ch. de Fouchier.


LABOUR D’UN JEUNE VERGER D’OLIVIERS EN CRAU. TROIS LABOURS SONT NÉCESSAIRES (page 297).