Page:Le Tour du monde - 01.djvu/125

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secondes ils ont parcouru un espace indéterminé ; mais je puis dire que de ma vie course de chevaux ne m’a paru si extraordinaire.

Nous allons ensuite visiter les troupeau du prince : ce n’est qu’une très-faible partie de ceux qu’il possède ; on nous assure qu’il en a deux millions. — Ce sont de ces beaux moutons qui commencent à apparaître dans la province d’Astrakhan, et dont l’espèce est répandue dans tout le Caucase et toute la Perse. Dans cette espèce, la queue n’existe pas ; elle est remplacée par deux appendices d’un volume assez considérable, et qui produisent à peu près l’effet des crinolines que portent nos dames.

À une station dont j’oublie le nom, on nous donne un cosaque pour nous escorter, puis deux, puis quatre ; ensuite le chef d’un poste examine nos armes en nous recommandant de les tenir en état. Le désert, peu à peu, cède la place à la civilisation. Voici quelques individus, puis des troupeaux. Au lieu de nez aplatis, de lèvres épaisses et d’yeux placés obliquement, caractère éminemment distinctif de la race kalmoucke, nous observons avec plaisir les nez droits, les yeux en ligne horizontale et les bouches fines de la race tatare[1].

Plus nous avançons, plus nous rencontrons d’hommes armés. À la dernière station on nous annonce la ville de Kisliar ; aussitôt nous envoyons devant nous un des cosaques de l’escorte pour nous annoncer et nous trouver un logement.

  1. Les diverses populations nomades des deux gouvernements d’Astrakhan et du Caucase paraissent pouvoir se diviser de la manière suivante : Kalmouks (descendants des Eleuthes), 15000 familles ; Khirguises (tribus musulmanes), 8000 : Tatares de Koundrof (originaires de la grande tribu du Kouban), 1100 ; Tatares de Sertof, 112 ; Nogais noirs (musulmans), 8432 ; Turcomans, 3838. Klaproth a donné, particulièrement sur les Tatares nogais que M. Moynet a eu l’occasion de voir, quelques notes intéressantes dans le tome XXIe des Annales des voyages, de la géographie et de l’histoire, par Malte-Brun :

    « De toutes les tribus tartares, dit-il, les Nogais ressemblent le plus aux Mongols par leur physionomie et la forme de leur tête ; d’où l’on pourrait sans doute conclure que les Mongols se sont mélangés avec les Nogais. Il est néanmoins faux que la langue mongole se