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nie. Les Choctaws, les Chikasaws, les Creeks et les Cherokeses s’y livrent avec passion.

Le fort Smith, dans l’État d’Arkansas. — Dessin de Lancelot d’après une gravure des Reports of explorations and surveys (voy. la note 1 de la page 338).

« Ce qui donne lieu à la fête, c’est ordinairement le défi porté par deux joueurs habiles et renommés qui, après avoir fixé le jour de la lutte, expédient de tous côtés leurs hérauts d’armes. Ce sont des cavaliers tatoués, accoutrés d’une façon bizarre, porteurs d’une raquette de cérémonie, qui se rendent de village en village, de maison en maison, dans toute la tribu, proclamant le nom des provocateurs, la date du jour, et le lieu du rendez-vous, engageant les hommes à prendre parti pour celui dont ils sont les émissaires. Si on accepte, il suffit de toucher le bâton bariolé ; c’est une parole donnée qu’on ne peut reprendre. Comme chacun des acteurs est accompagné des siens, souvent la moitié de la nation se trouve réunie la veille du jour solennel ; les uns pour participer à la lutte, les autres, et surtout les femmes, pour engager des paris. Les deux partis dressent leur camp vis-à-vis l’un de l’autre sur la lisière d’une prairie qui sert d’arène. Les préparatifs se font de la manière suivante. On arpente le terrain entre les deux camps et on en détermine le point central ; à deux cent cinquante pas de là, chaque parti enfonce en terre deux poteaux espacés de 2 mètres et reliés par un troisième à une hauteur de 5m,33, de façon que ces deux portes simulées soient en regard l’une de l’autre. Quatre anciens, n’appartenant à aucun des partis, doivent surveiller l’arpentage ; ce sont aussi les juges de la lutte. À peine la ligne centrale est-elle déterminée que la foule des parieurs sort du camp et se précipite vers cet endroit ; chacun choisit son partenaire et les paris s’engagent. Naturellement chacun est sûr de la victoire pour les siens et met les plus gros enjeux : ce sont des chevaux, des armes, des pièces d’habillement, des ustensiles de ménage ; bref, toutes sortes d’objets qui sont déposés sur la ligne de démarcation et confiés à la garde des anciens. Ceux-ci veillent là pendant la nuit, entonnant, par intervalles, des chants criards, avec accompagnement de tambour indien, ou bien fumant leur longue pipe en l’honneur du grand Esprit, afin que la justice préside à la lutte. Les joueurs emploient le temps, jusqu’au coucher du soleil, à s’équiper et à se préparer. Ils se dépouillent de tous leurs vêtements, y compris leur petit tablier, qu’ils remplacent par une ceinture brodée passée autour des reins et ornée d’une longue queue en crins de cheval teints, qui flottent par derrière. Il est défendu de se garantir les pieds de souliers et de mocassins (bottines indiennes en cuir de cerf mou) ; d’ailleurs ces pieds, comme tout le reste du corps, sont peints d’ornements bizarres de toutes couleurs. Il est également interdit de porter aucune arme ostensible ou cachée, excepté les raquettes servant à recevoir et à lancer la balle. Ces instruments sont en bois léger et munis à leur sommet d’un anneau ou cercle assez grand