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Ils reconnaissent l’existence et le pouvoir d’un être surnaturel qui conduit et dirige tout ; et de même que les Comanches, ils l’adorent dans le soleil. Ils croient aussi à l’immortalité de l’âme mais avec l’idée que la vie future sera l’image fidèle de l’existence terrestre, d’où vient qu’ils enterrent toujours avec le défunt ses armes de chasse et de guerre, afin qu’il paraisse avec honneur dans les champs des bienheureux. Jusqu’à ce jour, aucune tentative n’a été faite pour perfectionner l’éducation morale et intellectuelle de cette tribu, et pour l’initier à la civilisation et au christianisme. Les pieux Américains regardent avec indifférence les païens qui sont à leur porte, et c’est en d’autres pays, sous d’autres cieux, qu’ils envoient leurs missionnaires faire de la propagande. Quand les habitants des prairies auront été corrompus et entièrement détruits par la civilisation que lui apporte une race avide, alors seulement la foi chrétienne trouvera le chemin des wigwams déserts, et bâtira des chapelles et des églises sur les tombeaux des malheureux Indiens.

Hiéroglyphes indiens dans une caverne près de la Rocky-dell-Creek (voy. p. 358). — D’après les Reports of explorations (voy. p. 337).


Ce temps est encore éloigné ; avant que cette prophétie se réalise, les Indiens parcourront bien des fois la prairie, faisant paître leurs troupeaux l’été, et, en automne, poursuivant les buffles qui émigrent vers le nord. C’est ainsi que nos voyageurs trouvèrent sur les bords de la Shady-Creek les restes d’un campement d’été que les Comanches venaient d’abandonner (voy. p. 349). C’était un gracieux tableau champêtre auquel la beauté du paysage prêtait un charme particulier. Figurez-vous une centaine de berceaux composés de branches vertes, qui s’entrelaçaient au sommet, de manière à former une voûte de feuillage, dont les arceaux n’étaient pourtant pas assez larges pour permettre de s’y tenir debout : on n’y pouvait être qu’assis ou couché. Devant chaque berceau, l’amas des cendres indiquait la place où avait été la cuisine. Une cabane plus petite que ces bosquets, avec un foyer à l’entrée, s’élevait sur les bords de la rivière. Quelle pouvait être la destination de cette hutte isolée ? C’était la salle des bains de vapeur. Dans presque toutes leurs maladies, les Indiens emploient ce remède. L’étroit espace est hermétiquement fermé avec des peaux de bêtes ; deux tas de pierres rougies au feu sont dressés dans le milieu, et aspergés d’eau, qui se transforme en une vapeur bouillante ; le patient ne tarde pas à être inondé de sueur ; dans cet état, il sort souvent de sa prison pour se jeter la tête la première, à la mode russe, dans l’eau froide. Ce traitement violent, renouvelé plusieurs fois, selon la constitution du sujet, réussit à ce qu’il paraît. D’ailleurs, il y a là un médecin-sorcier qui fait des conjurations pendant le bain. Des jeunes gens bien portants, avant de se faire recevoir guerriers, et des hommes faits, avant de partir pour une expédition, prennent aussi de ces bains de vapeur.

La nuit était splendide, la lune brillante, l’air tranquille, troublé seulement par le lointain hurlement de