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Boulghar-Dagh, formé de couches de calcaire blanc et bleu. Le vallon dont je viens de parler se continue jusqu’à ce qu’il débouche dans la vallée principale de Bosanti-Sou, où est situé le khan de Rhamazan-Oglou, désigné aujourd’hui sous le nom de Bosanti-khan. Il est éloigné de sept heures du Kulek-Boghaz.

Sur la droite on aperçoit le château d’Annacha construit en marbre noir sur le sommet d’une haute montagne, et que l’itinéraire de Constantinople à la Mecque désigne sous le nom de fort Doulek. C’est en nous dirigeant sur ce point, par des sentiers presque impraticables et bordés de précipices, que notre petite caravane vint se jeter malencontreusement dans un véritable repaire de voleurs.


Un camp de bandits. — L’Annacha-Kalessi. — La vallée de Beranti. — Le pont blanc. — Adana.

Nous avions marché une grande partie du jour pour faire l’excursion de l’Annacha-Dagh, lorsque nous entendîmes deux coups de feu dans la direction que nous suivions. Bientôt deux cavaliers portant le costume turkoman nous accostèrent et, sous prétexte de nous remettre dans notre chemin, nous conduisirent par d’étroits sentiers dans une gorge profonde où un célèbre bandit turkoman faisait sa résidence habituelle. L’arnaout Méhémet-Katerdji est connu dans toute la Karamanie comme le plus hardi voleur et le plus habile pillard du Taurus. Secondé par quelques cavaliers, protégé par les chefs turkomans de la contrée et redouté des autorités turques, il exploite en grand la route de Kulek. Les caravanes lui payent rançon, et malheur à qui résisterait aux sbires de l’arnaout.

Environs de la bourgade d’Hadjin, sur un des contre-forts méridionaux du Karmès-Dagh. — Dessin de Grandsire d’après M. V. Langlois.

Quand nous arrivâmes à son campement, si toutefois on peut donner ce nom à de mauvaises toiles qui servaient de tentes, nous comprîmes que nous avions affaire à forte partie. Heureusement, pendant les trois jours que nous restâmes au pouvoir du bandit, nous pûmes mettre ce repos forcé à profit en obtenant de lui qu’il nous laisserait partir sans encombre. Le khavadja Bothros, qui avait eu autrefois des rapports intimes avec l’arnaout, parvint à nous tirer du mauvais pas où nous nous étions engagés, et je dois dire que ce fut le bandit qui nous facilita les moyens de visiter le château de Bosanti.

L’arnaout, qui connaît le Taurus pour l’avoir parcouru en tous sens, nous fit prendre un sentier escarpé où les chevaux avaient de la peine à monter, et une heure après notre départ de la gorge où il était campé, nous atteignions l’Annacha-Kalessi. Ce château présente un grand développement ; de nombreuses ruines sont accumulées dans son-enceinte ; le genre de ses constructions, ainsi que ses bastions flanqués de tours, indiquent qu’il fut construit par les Byzantins. Deux portes,