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et l’épicerie apportés de Shang-haï. En Chine, il faut un domestique spécial pour chaque service, et le palais de la légation en loge toute une armée.

À droite du jardin des lilas, est une porte qui donne sur une avenue dépendante du Tsing-Kong-Fou et contenue dans ses murs : d’un côté se trouve l’habitation des gendarmes (13), de l’autre, les écuries (14), au numéro 16 le logement du médecin, le numéro 17 est une petite chapelle construite par M. Bouvier, mais non encore consacrée lors du départ de M. de Bourboulon. 18, kiosque élevé sur un piédestal en briques avec escalier en pierre : autour de la corniche est un enroulement de parchemins à lettres d’or admirablement imités par l’artiste, qui s’est plu à y inscrire les maximes les plus épigrammatiques de la philosophie chinoise, telles que celle-ci : L’homme est un enfant né à minuit ; quand il voit lever le soleil, il croit qu’il n’a jamais existé ; ce qui raille sagement l’incrédulité dogmatique, résultat de l’inexpérience ; ou bien encore celle-là : La langue des femmes s’allonge de tout ce qu’elles ôtent à leurs pieds ; ce qui prouve que le même proverbe sur la loquacité des femmes règne dans tous les pays du monde.

Pékin : Porte principale ou d’honneur de la légation anglaise. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

De jolies colonnades de bois peintes en vert et rouge soutiennent le toit de ce kiosque, entouré de balustrades en pierre : sur le haut du toit est couché un dragon à deux têtes qui semble en défendre l’approche avec ses gueules menaçantes ; cet animal, qu’on retrouve dans toutes les maisons chinoises, en est constitué le gardien et doit en écarter les maléfices ; c’est une ancienne superstition qui n’a plus de créance, mais qu’on a conservée comme tout ce qui vient des âges passés.

Enfin à chaque bout des poutrelles qui correspondent aux colonnades, on voit un œil grand ouvert ; en l’honneur de l’Europe, l’artiste chinois a fait ces yeux d’un beau bleu d’azur, couleur complétement inconnue dans l’Empire du Milieu.

Le numéro 19 est un pavillon entouré d’escaliers et de perrons en pierre avec un péristyle : c’est la salle de billard et la bibliothèque. Le yamoun du premier secrétaire de la légation (20) qui se trouve à l’extrémité gauche du parc, complétement en dehors des autres bâtiments, est en petit la répétition du palais du ministre. Il contient une porte ovale très-curieuse, et un beau jardin planté de volcamerias, de camélias et d’hortensias poussés en pleine terre dans leur pays natal avec une vigueur et à une hauteur inconnues des jardiniers européens.

À gauche du yamoun qui a une entrée particulière sur la rue de Toûn-thian-ml-thian, sont deux pavillons où habite le second secrétaire (21).

Tous les corps de logis ont des portes vitrées avec des galeries en bois qui les font communiquer au beau et vaste parc du Tsing-Kong-Fou.