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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/207

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Tamara (voy. p. 177). On trouve quelques renseignements sur ce fort dans les relations des anciens voyageurs. Nous en donnons ici quelques fragments. Voici, par exemple, ce que rapporte Strabon :

« L’abord de l’Hérie par le nord est très-difficile… on arrive à la gorge de l’Aragva, vers la fin du quatrième jour, et l’on y est arrêté par un mur infranchissable qui s’adosse à un château et barre la voie. »

Pline en parle de la manière suivante :

« On trouve dans la contrée des Hériens la porte du Caucase (le défilé du Darial), que plusieurs appellent par erreur porte Caspienne. Dans cet endroit la nature a créé entre deux montagnes un passage, fermé par
Ossète cosaque de ligne.
une porte en fer, sous lequel coule le ruisseau Diriodoris. Au-dessus, sur le rocher, est situé le château de Koumania, assez fortifié pour arrêter des hordes nombreuses. »

Le témoignage de Massoudi, qui vivait au dixième siècle, est encore plus explicite :

« La porte du château des Alains se trouve au milieu du pays des Alains, construit par Isfendiar, fils d’Hystaspe. Il y a laissé une forte garnison, afin d’arrêter l’invasion des Alains dans le Caucase, car ils sont forcés, pour y arriver, de passer les ponts situés sous le fort…


Lesghien.

« Ce fort est bâti sur un rocher et est absolument inabordable : on ne peut y pénétrer qu’avec le consentement des défenseurs. Il est si bien fortifié que même un homme seul, qui s’y enfermerait, serait en état de tenir en échec tous les infidèles, car la forteresse est, pour ainsi dire, suspendue dans les airs et domine le pont, la route et le fleuve. »

L’importance de ce château est sans doute exagérée par Massoudi. Il y a néanmoins tout lieu de croire qu’il a joué un grand rôle dans les luttes des peuples du sud avec ceux du nord. Au commencement du siècle, ses ruines avaient encore quelques formes régulières ; mais les restes du château furent minés lorsque l’on fit la route militaire de Géorgie.

En face de la redoute, construite dans la quatrième décade de ce siècle, sur la rive droite du Térek, on retrouve encore les vestiges d’une espèce de sentier qui conduit jusqu’au sommet de la montagne : on prétend que ce sont les débris de l’aqueduc du fort.

Le prince du Kasbek me raconta, entre autres choses, qu’il existait jadis dans ces parages, d’après les traditions restées dans le pays, un héros qui défendit la Géorgie contre les attaques de l’ennemi, et que le fort fut construit par ordre de la reine Tamara. La légende de cette souveraine, dont la véritable origine s’est perdue dans la nuit des temps, se rattache à tous les exploits et à tous les événements transmis par la tradition.

On place à différentes époques la fondation de ce