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escaliers naturels des ambulacres et des vomitoriums qui s’ouvrent au pourtour de l’enceinte : l’arène est à 706 mètres d’altitude ; la Ciutad, qui la ferme au nord-est, à 830 mètres : différence et profondeur, 124 mètres ; et c’est une dénivellation pareille que la carte indique par un blanc ! Le grand axe de l’amphithéâtre mesure 500 mètres et le petit 200 ; des gradins en font tout le tour ; on se demande réellement si ce n’est pas une race de cyclopes qui a édifié ces constructions ! De véritables rues tirées au cordeau rayonnent du centre des Rouquettes et font communiquer ce cirque avec les autres quartiers de Montpellier-le-Vieux.

Cirque des Rouquettes. — Dessin de Vuillier, d’après une photographie de M. Chabanon.

L’enceinte de la Millière, la plus vaste (1 kilomètre sur 400 mètres), est la partie qui ressemble le mieux à une ville distribuée en rues et en places ; là on a reconnu un forum, une tribune aux harangues, une basilique, immense temple hypèthre haut de 40 mètres, une rue des Tombeaux bordée d’urnes funéraires comme à Pompéi, etc.

Que dire aussi des débouchés de tous ces cirques dans les fossés extérieurs ? Les eaux furieuses qui ont sculpté là tant de monuments grandioses et élégants à la fois n’ont pu trouver d’issue qu’en pratiquant dans le mur d’enceinte (rempart dolomitique) des entailles, des fissures, dont quelques-unes ont 50 mètres de hauteur, 100 de longueur et à peine 1 mètre de largeur ; la falaise a été littéralement sciée du haut en bas (sortie de la Millière). Ailleurs la paroi a cédé complètement sous la pression de l’eau et s’est effondrée dans les ravins, ouvrant une large brèche sur un côté du cirque (sortie des Rouquettes). Ou bien encore c’est en cascades rocailleuses que les torrents s’enfuyaient des Amats, de la Citerne et du Lac.

Devant ces témoins de l’œuvre grandiose des érosions, une chose confond l’imagination : c’est la sécheresse actuelle de ce terrain de dolomie ; plus une goutte d’eau dans ces anciens fonds de lacs, plus un filet humide le long des parois des anciennes cataractes. D’où venaient donc les trombes diluviennes qui ont affouillé ainsi la masse dolomitique ? Nul ne le sait encore.

Malgré cette sécheresse, une végétation luxuriante égaye Montpellier-le-Vieux tout comme l’ermitage Saint-Michel : les pluies suffisent à abreuver des arbres énormes, pins sylvestres, chênes et hêtres que les proportions démesurées des rochers font prendre, sur les photographies ou les gravures, pour de maigres arbrisseaux. Les arbousiers, les houx et les ronces grimpent à l’assaut des murs et des colonnes ; les lierres entre les fissures profondes ont des racines grosses comme