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fortunez. Entreprise I.


luy auoit lié les pieds, ceſte enſeigne leur donne vn peu d’eſperance, & les fait eſplucher le bois plus diligemment, pour deſcouurir quelques indices, ou qu’elle ſoit deuoree, ou qu’elle ſe tienne tapie en quelque halier : Ils appellent, ils eſleuent leurs voix triſtes & flatteuſes, pour auoir reſponſe, & rien ne leur reſpond, que les ſons que rediſent les pieces du canal de l’antique Fee. Ils rencontrent ceux qui ſe leuent les premiers, pour furtiuement aller cueillir quelques buchettes, & en faire de l’argent, ils les interrogent, & ils n’en ſcauent rien ; Ils trouuent les bons ouuriers, qui dés le matin vont à leurs taſches, leſquels ne les rendent point plus ſçauans, leurs enqueſtes ne feruent de rien, leur peine eſt inutile, rien ne respond ny à leurs voix, ny à leurs intentions, & ſ’ils ſe mettent à appeller, ils n’oyent apres leurs cris, que les vaines redites de l’air, & les ſons importuns des branches que le vent excite, & n’ayans rien effectué qui ſoit bon par effet, ſ’en reuiennent à la ville, chargez de triſtes nouuelles, leſquelles raportees à l’empereur, il conclud auec eux qu’elle eſt perdue : S’ils l’euſſent trouué & ramenee ! ô qu’il y eut eu de beaux ioyaux donnez, que de belles promeſſes euſſent eſté •ffectuees en guerdon de tant de bons ſeruices ! mais leur diligence a eſté inutile, leur promptitude pour neant, & leur labeur vain : Ceſte derniere faſcherie acheue de combler l’Empereur de douleurs, le determinant à vn extreme deſplaiſir, & puis ſ’auiſant que ſon indiſcretion auoit fruſtré ſon cœur de ſes plus


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