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fortunez. Entreprise I.


que telle eſtoit la volonté de ſa Maieſté qui leur donnoit la vie, s’ils la pouuoient conſeruer. Ils eurent beau demander & dire, il n’y auoit point d’oreilles pour les ouyr : la force les emporta abſolument. Ces gens furent longtemps à roder ſur la mer, expres pour leur faire croire qu’ils eſtoient fort loin : Ils aborderent en l’iſle des lyōs, qù ils firent deſcendre Caualiree, lequel ayant eſté mis à terre, ils prierent de les excuſer, & luy enuoyerent ſon eſpee par vn matelot, & s’en allerent. Il pria qu’il vid ſes freres, mais pour neāt, d’autant que le vouloir de l’Empereur eſtoit au contraire. De là, ils donnerent en l’Iſle des ſerpens, où de meſme façon ils logerent Fonſteland. Et apres de pareille ſorte ils firent deſcendre Viuarambe en l’iſle deſerte. Les ayans ſeparez de la façon, ils retournerent à l’Empereur l’acertener de ce qu’ils auoient faict : apres quoy, ſans la vouloir voir, il enuoya Lofnis en la Tour determinee, qui eſt au milieu de l’eſtang malheureux, qui eſt ainſi nommé, à cauſe que l’eau en eſt toute chaude, & dit-on que c’eſt à cauſe qu’il y demeure vn ſerpent qui vomit le feu, & ſe nourrit de ceſte eau tout autour ceſt eſtāg ſont les iardins Royaux, auſquels on ne peut entrer que par vne auenuë, où il y trois portes gardees, à la premiere il y a ſept gendarmes touſiours veillans, à la ſeconde quatorze auſſi veillans & vaillans, & à la troiſieſme, il y en a vingt & vn veillans vaillāts & determinez, qui ne cognoiſſent que leurs capitaines & l’Empereur. Ceſte execution faicte, l’Empereur penſant auoir trouué quelque repos, ſe trouua en dauantage d’inquietude que para-