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fortunez. Entreprise I.


ſoit, les belles ſont touſiours bien aiſes que lon leur face ceſt hommage, encore qu’elles facent ſemblant de le reietter, à quoy elles ne penſent point, ains à ſtimuler à frequent honneur leurs tenanciers. Pour ceſte façon il luy dit Mademoiſelle, vous ne me deuriez pas faire ce tort, en m’empeſchant ce bien qui eſt de vous rendre de uoir de treſ-humble ſeruiteur. Carinthee. Il n’y a point de ſeruiteur ſans maiſtreſſe. Bel. Il eſt vray, auſſi eſtes vous ma maiſtreſſe, s’il vo° plaiſt. Et à fin que celà ſoit, & que ie vous conqueſte autant valeureuſement, que i’ay deſir de vous ſeruir fidellement : Ie vous prieray d’amour, & ne m’en oſeriez refuſer. S’il vous en plaiſt faire preuue, & que me refuſiez, ie perdray vne diſcretion. Carin. Ie croy que les hommes ſont diſcrets, parquoy ſi vous perdiez voftre diſcretion, vous y auriez dommage. & ſi i’eſtois voſtre maiſtreſſe, ie ne vous deſirerois pas telle perte, au contraire, ie vous en ſouhaitterois la conſeruation. Belead. Ceſte repartie me fait eſperer que ie n’au ray pas la diſcretion, & partant, que ie ſeray receu à voſtre ſeruice, par vne voye non commune : Car ie vous prieray ſans crainte de refus. Carint. Et ſi ie vous refuſe que ſera ce ? Bel. Mon vnique bien, lequel quand meſme vous voudriez me refuſer à la condition que ie le requereray, vous ne voudriez me le nier. {{sc|Carint}. Voyons donc comment, & ſi ie perds la diſcretion, ie la payeray, car ie ſcay fort bien qu’il n’y a rien qui m’empcſche de vous refuſer, ſi i’en ay enuie, d’autant qu’il m’eſt aduis que ie me ſçay reſoudre à ce que ie veux. Beleador. Ma Demoiſel-


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