Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
fortunez. Entreprise I.


mitié qu’il y a entre ceux-cy & les Sobarites, pour la ſaincte Galanſtiſee que ceux de Sobare ont, & qui iadis appartenoit au Roy de Calicut, beaucoup de guerres en ont eſté entre les anceſtres, & la haine en eſt demeuree. Poſſible qu’il y auoit du droit des deux coſtez, toutesfois le ſaiſi ayant de la force le peut touſiours emporter. Le fait eſt, que le Roy de Calicut & le peuple firent partie d’enuoyer en Ofir, ſi qu’ils dreſſerēt & equiperent vne flotte raiſonnable, & mirent gens ſur icelle, en ceſte expedition, pour aller conquerir la Sainte Galanſtiſee, & fut chef de I’entrepriſe Sorfireon, fils puiſné du Roy de Calicut, ieune Prince accord & de bel entendement, nourri en toutes bonnes diſciplines & grand Philoſophe. Il fut long temps auant que pouuoir deſcouurir le moyen d’y paruenir, & toutesfois apres beaucoup de peines & de recherches employees, il veint à bout de ſes deſſeins, nous en verrons toute l’ordonnance, ſi quelque fois nous pouuons extraire de la bibliotheque de l’hermitage d’Hōneur, le volume des memoires de ceſte conqueſte. Sorfireon ayāt heureuſemët accomply ſon entrepriſe, reuenoit auec le treſor en ſa main, & comme il vogoit auec le reſte de ſa flotte qui auoit eſté vnze ans ſur les eaux, il fut rencontré par vn petit vaiſſeau qu’vn ſien fidele amy lui enuoyoit, là eſtoit vn gëtilhomme auec vnelettre de creance, pour l’informer de ce qu’il luy mādoit. Cet amy lui dönoit tous les ans trois ou quatre fois auis de ce qui ſe paſſoit au païs, & lui de meſme l’auiſoit de ce qu’il effectuoit. Le meſſager luy declara ſa creance, qui eſtoit de


K iiij