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Le uoyage des Princes


l’auertir que le Roy ſon pere eſtoit mort, ſon frere aiſné eſtably & recognu, & lui delaiſſé ſans autre partage que ſa bonne fortune. Sorfireō eſtoit deſia proche du pais, parquoy il tourna voile, & donna vers les iſles, & ſ’empara de quelques vnes qui ſont voiſines de Sobare, ayant fait ceſte nouuelle conqueſte, il pēſa de ſe faire Roy de Sobare, mais il trouua vn Roy plus fort que lui en ſon pais, leur guerre fut grande, & puis ce conquerant ne perdoit rien, c’eſtoit l’autre qui auoit de l’intereſt, toutesfois pour acheter paix, il ayma mieux lui laiſſer quelques iſles pour retraitte : comme ſi par pitié il les lui eut donnees : Le Roy ne deſirant point de trouble gratifia ce Prince, ioinct que ce lui eſtoit vn moyen propre pour auoir de l’ayde ſ’il en auoit beſoin, ſur la parole du Roy de Sobare, Sorfireon vint le voir, & il fut receu humainement & auec honneur, en ce tēps-là ceſte court eſtoit agreable, & y auoit de belles dames, entre autres Pocoruſee reſplendiſſoit, comme le premier aſtre du matin : Sorfireon qui la vid ſe dedia à ſon ſeruice, & ſ’offrit à elle, la Belle le ſupplia de l’excuſer, lui faiſant entendre qu’elle eſtoit obligee au veu de virginité, auquel elle ſ’eſtoit liee fidelement, partant elle ne pouuoit luy faire la grace egale à la courtoiſie qu’il lui faiſoit, lui qui auoit l’ame trop vlceree, & auquel la frequentatiō auoit imprimé le fruict de ſon eſpoir, ne peut & ne voulut eſtre eſcōduit parquoy il pourſuiuit de plus en plus la Belle, laquelle par ſes bonnes raiſons l’induiſit à oublier ſa recherche qu’il faiſoit, laquelle (eſtant aſſez perſuadé, il