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fortunez. Entreprise I.


tranſmua en meſme volonté que celle de ſa Dame, ſi quel’vn & l’autre s’accorderent, & pour n’eſteindre tout le fruict de leur amitié, iurerent pour touſiours de viure ſelon les ſainctes conditions que la belle eſtabliroit, & qu’en ceſte forme ils ſe frequenteroient comme heureux ſineſaſtes, viuās d’amour mutuel & chaſte, terminé des bornes de continence perpetuelle. A quoy Sorfireon ſe voyant reduit, ſe donna au Roy de Sobare, luy remit ce qu’il luy auoit donné, & ſes autres biens, & d’auantage le fit heritier de la ſaincte Galanſtiſee, ſe confinant librement quant & Pocoruſee pour viure auec elle en paix & d’amour pudique en ſeules paſſions d’eſprit tranquille, comme il fit iuſques à ſa mort. Ceux de Calicut long tēps apres ayans ſçeu la mort de Sofireon, enuoyerent en Sobare pour au moins auoir ſes meubles, & ſur tout la ſaincte Galanſtiſee, remonſtrant qu’ils eſtoient ſes heritiers : Le Roy leur fit reſponſe, que leur demande eſtoit diſcourtoiſe, & qu’il n’y pouuoit entendre, & de faict, l’Ambaſſadeur s’en alla ſans rien faire. A ſon retour en Calicut, la guerre fut denoncee contre les Sobarites, qui furent aſſaillis, mais ils ſe defendirent ſi bien, que les autres furent contrains s’en retourner, n’emportans auec eux que la haine mortelle qu’ils ont touſiours cōtinuee contre ceux cy. Or les Aſiatiques ſe ſouuenans encor de leurs vieilles querelles, & ayans prins ces Sobarites, les mirent en priſon, les ſeparāt afin de les interroger à leur plaiſir, & pour ce qu’ils ſe doutoient qu’en ce vaiſſeau il y auroit d’autres gens que des Sobarites, ils en firent perquiſition, & par ainſi ils mirent les Fortunez en