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fortunez. Entreprise I.


uré de toute cauſe de maladie interne, tellement que l’on peut viure ſain de corps & d’eſprit iuſques à l’âge fort abatu, que l’on ceſſe l’vſage de ce diuin reſtaurant, puis l’ame s’exhale comme le feu d’vne meſche qui n’a plus de liqueur, c’eſt ce qui a fait tant & ſainemēt viure les Roys & Princes de Sobare, & rend les Princeſſes ſi belles. Or Ctisder mandoit qu’il eſtoit ſur le point d’obtenir ſon deſir, & auoit apris exactement le moyē dōt Sorfireon auoit vſé, & ce par le diſciple d’vn qui l’aidoit & eſtoit ſon confident : Et ainſi luy declaroit qu’il eſtoit neceſſaire d’auoir le vaiſſeau propre : Car en quelque façon que deuſt eſtre le vaiſſeau, il cōuenoit qu’il fuſt tel qu’il prinſt tout d’vn coup, ce qu’il y en falloit, ny plus, ny moins, ſans y retourner, & ſans en oſter ou adiouſter, autrement tout ſe perdoit. Le vaiſſeau eſtoit de tel le matiere & meſure : il eſtoit de fin or pur & vierge, en figure de Lyon, tellement proportionné au petit pied, que tout le Lyon de metal egaloit ſeulement la pate droite du Lyon de pais, tranchee à la ionture, & falloit qu’il fuſt vuide à la proportion du vuidé d’vn Lyon auquel on a oſté es parties interieures. Ce qui fut bō à ce coup eſt que Ctiſder recouura auec grand trauail & ſubtilité, le Lyon verd qui auoit eſté le modelle de celuy qu’autresfois Sorfireon auoit faict, & eſtoit de bronze antique ſeulement refondue vne fois, l’ayant recouuré il l’enuoya au Roy. En ceſte meſme heure le Roy eſtoit auec les Fortunez ſur l’affaire propoſee, & s’appreſtoient de partir, & il print occasion de leur communiquer la lettre de Ctiſder : Sur quoy ils luy dirent, que s’il luy plai-