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fortunez. Entreprise I.


peu l’Empereur. Mais l’amour ne laiſſoit pourtant devenir aux remiſes & l’affliger, tant il a de pouoir ſur les cœurs de ſa domination : Les perfections d’Etherine, ſes belles graces & l’excellence promiſe à l’vnion de ce parfait obiet, perdoit l’ame de cet amant, qui ſe reſouuenant de ſon indiſcretiō, reſſent les pointes de ſon ennuy trop plus violentes, & ce qui le tue eſt, qu’il poſſedoit ſon bien, & il ne l’a pas cognu, toutesfois il ſe conſole par eſpoir ſur le retour de la ſage Lycambe qu’il attend, & en ceſte attente poiſant le malheur de tous les autres, au poix du ſien il ſe ſouuient de ſa fille la deſolee Lofnis, miſerablement encloſe en la tour determinee, & puis il ſe repreſente la perte de la Fee, que ſa iuſtice & promptitude lui a arrachee de la main, auſſi bruſquement que ſa fureur a perdu les Fortunez : Il eſt en vn trouble tant eſpois, qu’il ne ſe peut reſoudre, & n’a preſque plus de finale eſperance, & ſans l’aſſeurance qu’il a en Lycambe, il ſe determineroit à perir. C’eſt la repriſe de ſes diſcours : il ſ’auiſe d’auoir pitié de ſa fille, où bien de la punir, afin qu’il n’y ſonge plus, & penſant à ſa figure en veut voir l’effect ſur elle : il enuoya donc querir Lofnis, qui venue deuant luy ſe ietta à ſes pieds, le ſuppliant d’auoir pitié d’elle, il lui dit, Lofnis, la faute que vous auez cōmiſe eſt ſi grande & excede tant toute autre eſpece de preuarication, qu’elle vous fait meriter vne punition notable & extreme, mais ie n’ay pas voulu m’exercer ſur voſtre meffet, vous chaſtiant en Prince offencé, mais comme pere fimplement faſché de voſtre inſolence, qui eſt poſſible


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