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Le uoyage des Princes


puis elle ſortit & ferma la chambre ſur eux, il eſt à preſumer que ce fut à qui auroit le bouquet, mais la fin a eſté comme il a paru par les marques qu’ils s’entrefirent auec les dents les vns les autres, en tant de parties de leurs corps, qu’elles en eſtoient deffectueuſes, & de la douleur qu’ils ſentirent, ils monterent au hault de la tour, dont ils ſe precipiterent en bas & moururent, & ainſi furent exterminez, & auec telle marque de malheur, qu’au lieu où ils tomberent ne croiſt herbe quelcōque, & la terre y eſt comme vn ſable vitrifié. Ardeliſe vengee, acheua ſes iours dans la tour, dont depuis elle ne bougea, ſon corps y fut enſeueli par ſes filles, & y eſt sās que lō ſçache l’ēdroit, & dit-on que qui le trouuera, rentontrera vn threſor ineſtimable. Fonſteland donc vint & s’arreſta en ce quartier là pour taſcher à ſçauoir des nouuelles de Lofnis : Car ayant ſceu ſuyuant l’artifice de Lycambe, ce qui s’eſtoit paſſé, luy ny ſes freres ne vouloient rien tenter ſans aduertir la Princeſſe, ou ſçauoir ſa volōté : S’ils euſſent voulu faire la guerre pour la deliurance de la Dame accuſee à tort, ils auoiét Royaumes & gens à leur cōmandement, mais ils ne vouloient rien faire, ny entreprendre qu’elle n’en eut cognoiſſance, & n’en determinaſt. Vn iour que ce marchand auoit eſtallé pluſieurs petites gentilleſſes la iardiniere paſſa par là & marchanda quelques petites ceintures, le marchand la langaya, & ſçeut qui elle eſtoit, parquoy il luy fit bon marché de ſes babioles, & luy en monſtra encor d’autres, & entre celles là des bouquets de fleurs contrefaites, la iardiniere les voyant ſi beaux, luy demanda


qui