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fortunez. Entreprise I.


ſi l’auoit dit l’Empereur : Lofnis dit à la iardiniere qu’elle luy baillaſt ſon bouquet, ce qu’elle fit, & puis adiouſta qu’elle deſiroit en veoir encor, & qu’elle ne la receuroit† ſi elle ne luy en fai ſoit vn qui fut mieux faict qu’vn qu’elle feroit, & que pour ceſt effet elle luy apportaſt des fleurs. La iardiniere ſe fiant au marchand, apporta des fleurs à Lofnis, laquelle fit vn bouquet, & le bailla à ceſte femme qui alla auſſi toſt à ſon marchād : quand il le vid il fut aſſeuré : Amans qui auez gouſté de telles delices és fleurs de vos affectiōs, iugez de ſon contentemēt, & conſiderant la douce ioye de ſon ame, ayez à gré qu’il ſe conſole de ceſte bōne aduāture. Il oſta cinq roſes & vid le pourtraict de Fonſteland, auec ce plaiſir il aſſembla les fleurs & fit vn bouquet, où le pourtrait des deux eſtoiēt en moins de place, puis le matin il le bailla à la iardiniere, qui le preſenta à Lofnis, laquelle le tenant à part ſoy, oſta les vnze fleurs inutiles, & vid les deux pourtraicts qui l’aſſeurerent de ce qu’elle penſoit : Elle appella la iardiniere, & luy dit qu’elle la confirmoit à la charge d’vn bouquet qu’elle feroit encores, apres vn de ſa façon : celà fut bien aiſé à accorder. Lofnis ayant des fleurs fit ſon bouquet qu’elle bailla à la iardiniere, qui eut ſon recours au marchand, qui le voyant en ſon parti culier apresauoir oſté les fleurs du different, vid la figure de la tour & ſa maiſtreſſè au haut. Il repara le meſme bouquet, & ayant appliqué le deſguiſement le bailla le lendemain à la iardiniere, qui l’apporta à Lofnis, laquelle le prit, & loüa fort l’induſtrie de la iardiniere, qui fut fort aiſe d’eſtre aux graces de ſa maiſtreſſe. La Princeſſe eſtant en


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