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fortunez. Entreprise II.


court, & nous participions à ce bien, comme au doux ombre qui delecte les amis. Auſſi tous ces bons progrez ne nous eſtoyent qu’vne agreable figure, car rien ne nous touchoit que noſtre propre deſir, en la pointe duquel nous nous inſinuames aux belles graces des Fortunez, & nous auint vne fauorable commodité : C’eſt que l’Empereur qui prenoit cognoiſſance de tout, & qui nous auoit remarquez, & ſingulierement à cauſe du deuoir que nous rendions aux Fortunez, voulut ſçauoir qui nous eſtions. Il nous fit appeller & nous parlaſmes à ſa Majeſté, qui nous enquit de noſtre nation & condition, à quoy nous reſpondiſmes à noſtre ſeurté, & à ſon gré, que nous eſtans r’amaſſez, tant gentilshommes qu’autres, tous eſtions curieux, & meus du deſir de voir & entendre : A la verité nous ayās gouſté, il ſe monſtra en noſtre endroit, non ſeulemeent debonnaire, mais admirablemët accompli en charité : car ayant aucunement diſcerné nos deſſeins, ne nous voulut pas moleſter ou inquieter d’interrogations, mais nous ſoulager magnifiquement en la tendreur de nos entrepriſes : Il nous commāda de le ſuyure, ſans nous deſtourner pour occaſion que ce fut, nous aſſeurāt amiablement, que puis que noſtre fortune nous auoit addreſſez par ceſte voye, qu’il falloit neceſſairement continuer, & que fuſſions attentifs d’accompaigner ſes entrepriſes, ſelon leſquelles il nous reuſſiroit du bien, d’autant qu’ayant pris ce train, nous n’euſſions peu trouuer autre voye pour noſtre cōqueſte, à l’effet de laquelle il nous promit ayder & aſſiſter, à cauſe de ſon amitié


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