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fortunez. Entreprise II.


l’attrait à ſon plaiſir, ie lui chanté vn hymne ſur le ſujet de ſon cabinet, & prenant le temps à propos ſans quoy ce qui eſt plus auantageux en perfection deſchet de grace, ie lui fis voir & entēdre ce qui en eſtoit, & ce ſous les accords que les Fortunez en auoyent deſignez, & par la conuenance deſquels l’ame fut donnee à cet aer, dont les paroles & le chāt, fut l’occupatiō de la court vn peu plus longtemps, que les belles pointes & galantes rencontres n’ont accouſtumé, pource que chacū en vouloit iuger, & les Dames pour monſtrer la beauté de leurs entendemens en diſcouroyent. Ayēs le plaiſir d’ouir auſſi ces effets de la meditation de mon cœur qui n’imagine rien que de grand.

Ceſſés diſcours enflez des actes orgueilleux
De ceſte antiquité qui s’eſt tout fait accroire,
Periſſez auiourd’huy deſſeins audacieux
Car vn trait plus hardi ſupprime voſtre gloire,
S’eſcoule ſans humeur ce criſtal admiré *[1]
Des eſprits qui ſcauoyent diſcerner la ſcience,
Bien qu’en luy fut au vif tout l’vniuers tirè
Si n’eſt-il rien au pris de ceſte experience.
L’aſtrolabe magic ou ce grand Empereur,
Ciſela l’auenir de la grand’Republique,
N’auoit rien de ſecret, n’auoit rien de grādeur,
Au prix de l’accōpli de ce chef d’œuure vnique.
Qu’on vole dans les cieux qu’on fouille les enfers,
Que l’on raſe les mers, qu’on eſpluche la terre,
On ne trouuera rien que les ſuiets diuers
Que ce grand lieu petit abondamment enſerre :
Artifice admirable & merueilleux ſuccés
Des deſſeins d’vn eſprit releué ſur nature,

  1. C’eſt la ſphere à Archémédes.
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