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Le uoyage des Princes


Princes extremement auantagez des dōs de Nature, & pource que ſon amour paternelle eſtoit bandee au bien de ſes enfans, il les voulut rendre accōplis pour à quoy paruenir, ayāt fait eſtat de tout ce qu’vn grād Monarque peut, il propoſa de ſe gouuerner en cet affaire, cōme ſ’il n’eut eſté qu’vn ſimple poſſeſſeur de biens & non Roy. En ce beau zele d’adiouſter par art, ce qui deffaut aux beaux eſprits, il fit vne aſſemblee generale de tous les ſages & ſuffiſans qu’il luy fut poſſible de trouuer, pour d’iceux tirer l’élite, & es faire precepteurs de ſes fils. Tous les plus habiles eurent à honneur de ſ’y trouuer. Ceſte congregation fut libre, plus deſiree qu’aportant contrainte, plus ſouhaitee que commandee, & plus honorable que commode, l’alechement du denier furtiuement pratiqué ne fut point cauſe que le bel eſprit ſ’y trouua, l’eſpoir d’obtenir vn degré ſouhetté pour paroiſtre n’y attira pas le Philoſophe, car le curieuxy veint pour voir, & pour raſſaſier ſa fidele penſee, le billet de recommendations n’y courut point, les procurations pour faire vne election iniuſte ny furent pas cognues, la ſeule bonne & libre volonté, y conduiſit ceux qui voulurent faire eſſayer leur capacité à l’honneur de la ſcience, au bien de celuy qui plus meriteroit, & à la gloire commune des gens de bien, qui comparurent icy d’vn meſme courage. Les pris eſcheurent à chaſqu’vn ſelon ſa valeur, ſans que l’enuie y ſuruint, & ſelon cet ordre il y en eut ſept qui furent trouuez exceller, entre leſquels du conſentement de tous, Sarmedoxe obtint d’eſtre le