Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
277
fortunez. Entreprise II.


Sages, les Filoſofes & les medecins de ſon Em pire, & les aſſembla en la grand ſale du Palais, eſtans tous deuant leur ſeigneur, attendans ſes commandemens il leur fitvn ample diſcours, de I’occaſion pour laquelle illes auoit conuoquez, leur diſant que c’eſtoit à cauſe d’vn ſonge qu’il leur deduit ainſi : Le matin ſ’approchoit, &àl’heu re que le ſommeil ſe veut departir nettoyant par l’eſcoulement de ſa douceur, les plus pures orga nes du corps, ileſtauenu queie penſois eſtrehors de cet Empire, & toutesfois eſlongnéi’eſtendois les bras par deſſus les Royaumes & les mers, & d’vne main ie couurois tous les païs : dont les hömes m’obeïſſent, & de l’autre ie cueillois les mauuaiſes herbes qui deça & delà paroiſſoyent, & puis me ſoulageant en mon labeur, i’arrouſois la terre d’eau que ie faiſois delicatement couler de ma bouche, & auenoit qu’vne grande multi tude de perſonnes eſtans aſſemblees pour voir ceſte merueille, ſi de fortune les goutes d’eau tomboyent ſur quelques vns, qui me fuſſent in cognus, ſoudainie les cognoiſlois, & en fin le peu † multipliant abondäment, ilauint que toutes es faces de tant d’innöbrables particuliers ſere duiſirent en vnviſage, lequel conſiderät le ſom meil m’a laiſſé, & me ſuisreueillé auecvne dou ceur exquiſe, de diſpoſition de ſensiointeà vne grande träquillité d’eſprit Les Sages eurent loi ſir de cöferer enſemble, & puis le reſultat de leur auis, eſtant diſpoſé, la § en fut faite de ceſte ſorte par leur Doyen. Sire, encor que la ſcience de § ſoit denieeaux hommes, auſ quels c’eſt vn peché extreme de deuiner, ſi eſt-ce


S iij