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fortunez. Entreprise II.


rent faire tres-affectionnément, & tres-humblement, requerans toutefois ſa maieſté de leur donner congé de voir d’autres regions. L’Em † pria d’auoir vn peu de patience, eur declarant que dans peu de iours il les li centieroit à leur gré, d’aller & de venir com me en leur propre terre, ou les employeroit en vne affaire qui luy importoit grandement, à quoy ils pouuoient, ſ’ils vouloient y enten dre, luy apporter du contentement. L’Em pereur eſtant à part ſoy, & ſe repreſentant les perfections de ces trois freres, ſ’auiſa que poſſible ils le pourroient mettre au repos que de long temps il deſiroit, & creut qu’ils luy eſtoient enuoyez du ciel pour le rendre com · plet en ſon eſtat : parquoy ſ’eſtant conſeillé auec ſes penſees, & aſſis ſeurté ſur ce qu’il pre tendoit, il fit appeller les Fortunez en ſon ca binet, & les ayant ſalüez il leur dit : I’ay re cognu par demonſtrations veritables la gran deur de vos eſprits, le pouuoir de vos intel ligences, & la force de ce que vous pouuez : cauſe que i’ay tel eſpoir en vous, que ie m’aſ ſeure que Dieu aydant, ſi vous mettez la main à vne affaire d’importance qui me touche, vous en viendrez aiſément à bout, & accomplirez ma felicité. Les Fortunezayans ſur ceſte ouuer ture vſé de belles & modeſtes reparties, ſ’offrirët du tout à ce qu’il luy plairoit leur commander, çomme touts diſpoſez au bien de ſon ſeruice. L’EMP. Puis que vous m’auezaſſeuré de ma vie, par voſtre preuoyance & conſeii, i’ay beaucoup d’aſſeurance en vous.Ie vous dirai donc l’affaire.