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fortunez. Entreprise II.


donques mon deuoir, comme de celui qui eſt tout à vous, & qu’il vous a pleu eſlire, le choi ſiſſant de voſtre particuliere grace, ſans conſide ration d’aucun ſien merite. LoFNIs. Ne vous aneantiſſez pas tant, quãd ce ne ſeroit que pour ce que vous eſtes à moy, qui ne penſe rien poſſe der de petit, au reſte que nos diſcours ſoyent courts & noſtreamitié longue, retournons aux autres, & ſoyez telie vous prie, en la conſerua tion de ce que vous me deuez, que ie ne me re pente point de l’election quei’ay faite.FoNsT.Ie vous le laiſſeray à iuger : carie n’aurayiamais au tre forme que celle que vous me donnez. Afin qu’en mon abſence, ie vous puiſſe communi quer mon petit ſecret, ce que les diſtances des lieux, nous refuſeront ie vous prie de voir cét adieu qui parlera pour moy.

Mon Soleil ie ne ſcay ſii’aurayl’affeurance
De ſupporter l’excés de mon affliction,
Car ie ſens tät d’ennuy, pèſant en voſtre abſence,
Qu’il n’eſt point de douleur comme ma paſſion.
Ie coule tout en pleurs, & iem’exale en plaintes.
Me ſeparant ſiloin de l’obiet deſiré,
Mes lamentations ne ſont point larmes feintes,
Car mon cœur eſt d’ennuy viuement vlceré.
Eſloignant les baux yeux de ma belle lumiere,
I’entre ès ombres confus de toute ohſcurité,
Et mon œil deſtourné de ſa gloire premiere,
Se diſtille és torrens de ſa calamité.
Trop loin demon soleil, ie ſeray ſans courage,
Tout eſteint de valeur, tout deſcheu de pouuoir,
Ie ſeray le fuiet de triomfeau dommage,
Mort au contentement, tout eſteint à l’eſpoir.