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fortunez. Entreprise I.


fait penser. En cette liberté vous ayant pour guide aſtre de mon bon-heur, vous seul dont l’vnique faueur m’eſleue à produire ces grands deſſeins ; ie ne fay plus de difficulté d’eſtaler les precieux ſecrets de Sapience : Ie me licentie donc, & prenant carriere pour eſtre conduit aux vrais ſentiers d’Amour, ie m’adresse auſſi à vous Belle que ie reuere sous plusieurs de ces noms, eſquels la vertu reluit ; à vous lumiere de mon cœur de laquelle ie chante l’honneur sous ces feintes veritables où ie meſle mes deſirs, mes ſeruices, mes paſſions, & les galantises de ma dexterité : Prenez y plaisir, afin que ie trauerse heureusement toutes dispositions contraires à mes belles entrepriſes. Et vous tous qui participerez à ces delices, rezſiouyssez-vous d’icelles & les goustez ; Ne pensez pas que ces Rois ſoient causes de ces effects : Amour qui triomphe de tout, les a reduits ſous son obéissance pour les faire trophees de mes artifices : Ce n’eſt pas aussi pour leur seruices que ie m’occupe ; ie les fay seruir aux intentions qui eſlancent ma valeur : Ceux qui ſont maiſtres de leurs penſees sont Rois en leurs courages ; ce qu’ils honorent, est la loy & le loyer qui les contraint à mettre au iour ce qu’ils meditent. Ces escriuains qui se donnent de l’affliction au recueil des Hiſtoires dont possible ils ne ſçauent rien, pource que tout ce qui fort des humains, est souuent iuiet à ne conuenir à la verité. Ces pauures qui mercenaires se moleſtent l’ame à esſrire les actes des Grands, ſont ſeulement proclameurs de la gloire des autres, qui ont l’honneur entier des actions vertueuses. Ie ne ſeray point de la ſorte, car ſans


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